Dans son ouvrage intitulé "La charge mentale : Histoire d'une notion charnière (1976-2020)," Monique Haicault, sociologue, analyse l'évolution de ce concept ainsi que ses implications sous-jacentes. Pour celles qui souhaitent approfondir leur compréhension, l'ouvrage complet est accessible ici. Cependant, pour une vue d'ensemble, voici les dates clés de cette évolution.
En 1976, des données de première main ont révélé l'existence d'une compétence particulière liée à la gestion globale des activités domestiques essentielles à la vie familiale, mettant en lumière la charge mentale invisible de ce travail de gestion.
En 1984, il a été souligné que la charge mentale implique des capacités cognitives telles que la gestion, l'organisation, la prévision, la mémorisation, la coordination et la réponse aux imprévus. Elle nécessite également des compétences en gestion des temporalités et en empathie pour maintenir le bien-être de la famille.
En 1994, l'évolution de la charge mentale en France a été divisée en trois phases, liées aux transformations du système productif, du taux de fécondité, et des modes de vie. Ces phases ont eu un impact sur la charge mentale et les rôles de genre au sein des familles françaises.
La première phase, située à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est caractérisée par la disparition progressive des savoir-faire manuels transmis de mère en fille, au profit de nouvelles technologies domestiques, de normes dans la rénovation des habitats, et des évolutions dans les modes de vie, notamment marquées par le début de la baisse du taux de fécondité et l'augmentation du taux d'éducation des filles.
La deuxième phase est celle de la famille en tant qu'entreprise, apparue à la fin des années 1980. Elle se caractérise par une augmentation de la part cognitive dans l'organisation du travail domestique, en réponse à la complexité croissante des conditions matérielles de vie et à l'influence de systèmes normatifs puissants, tels que les médias et la publicité. Cette phase exige des compétences mentales et physiques pour coordonner diverses tâches, gérer les contraintes financières et temporelles, et faire face à de nouvelles préoccupations telles que la crainte de l'endettement et la consommation équitable.
La troisième phase, amorcée depuis 2015-2016, est marquée par la prise de conscience de la charge mentale portée principalement par les femmes.
À partir de 2015-2016, une phase de prise de conscience a émergé, mettant en lumière le fardeau de la charge mentale portée principalement par les femmes. Cette phase s'est accompagnée d'une dénonciation des normes de genre et de la visibilité croissante de la charge mentale dans le discours public. En réaction à cette prise de conscience, deux réponses se dessinent : l'accent mis sur les technologies et la communication à distance d'une part, et d'autre part, une orientation vers le partage en groupes et en collectifs pour réduire la charge mentale et favoriser une nouvelle éthique de la vie quotidienne.
Pour finir, La pandémie de COVID-19 et les confinements mondiaux ont accentué l'importance de la charge mentale et révélé les essentiels du travail invisible.
La Charge Mentale, un peu d'histoire...
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Aurore BUSSON aurorebusson@gmail.com 06.23.19.34.67 ©2023