"Il va falloir m’expliquer comment on peut anticiper quelque chose qu’on ne peut comprendre qu’une fois qu’on le vit !" dit Astrid Hurault de Ligny dans son livre " Le Regret Maternel".

Lorsque l'on interroge des mères, on remarque que peu d'entre elles se sont sérieusement interrogées sur leur désir d'être mères, au sens profond du terme. Pour la plupart, la maternité semble être une étape préétablie de leur parcours de vie, une transition quasi inévitable après la rencontre d'un partenaire et le mariage. Nombreuses sont celles qui évoquent leur affection pour les enfants, se référant à des expériences passées de baby-sitting ou d'un intérêt pour les interactions avec les plus jeunes. Malheureusement, la question fondamentale de savoir si ce désir découle de leurs propres aspirations ou est fortement influencé par leur éducation et les normes sociétales est souvent négligée.

Cette tendance à percevoir la maternité comme un impératif social plutôt qu'un choix authentique a été abordée par des auteurs tels que Simone de Beauvoir, qui a souligné la manière dont les femmes sont souvent conditionnées dès leur enfance à considérer la maternité comme une destinée incontournable. Le concept de "l'Autre" et des attentes culturelles entourant le rôle de la femme dans la société ont été explorés dans son ouvrage "Le Deuxième Sexe".

Il me semble primordial de remettre en question ces attentes sociétales et d'encourager les femmes à entreprendre une vraie réflexion approfondie sur leur désir de devenir mère. Cette décision doit être éclairée et personnelle, basée sur une compréhension profonde des avantages et des inconvénients de la parentalité, ainsi que des implications pratiques et psychologiques.

La maternité implique évidemment de nombreuses responsabilités, des tâches quotidiennes, comme l'alimentation et le soin des enfants, aux engagements plus vastes, tels que les réunions scolaires et les activités parascolaires. Mais d'autres sont plus insidieuses et souvent passées sous silence par la société. De nombreuses mères évoquent le manque de liberté comme l'un des aspects les plus marquants de la parentalité. Dans son livre "Le Regret Maternel" Astrid Hurault de Ligny évoque cette perte en écrivant "Le regret que j’éprouve est en partie lié à ce manque de liberté, d’improvisation, de choix de dernière minute. Ne rien devoir à personne, que mes décisions n’entraînent aucune conséquence sur autrui. Je regrette énormément ma vie d’avant." Cette perte de liberté, à la fois en termes de temps personnel et de choix personnels, peut être perçue comme une aliénation psychologique.

De surcroît, les médias sociaux ont amplifié la pression sur les mères en présentant souvent une image idéalisée de la parentalité. Les comparaisons avec ces images altérées de la réalité peuvent créer un sentiment de perfectionnisme et d'insatisfaction. Cette pression pour correspondre à l'idéal de la "mère parfaite" peut mener à des sentiments d'aliénation par rapport à son propre rôle de mère. La psychologue maternelle, D.W. Winnicott, a exploré la notion de "Mère suffisamment bonne" et souligné l'importance de se libérer des idéaux inatteignables pour le bien-être des parents et des enfants.

Il est crucial de reconnaître que chaque expérience de la maternité est unique, et que la complexité des sentiments et des réactions face à la parentalité est parfaitement normale. Ensemble participons à promouvoir des attentes réalistes et flexibles pour favoriser le bien-être maternel et le développement sain des enfants.

Tu Savais Bien à Quoi t'Attendre quand même!